L’exode des médecins algériens vers la France n’est pas nouveau. Le phonème, qui touche la majorité des pays maghrébins, est revenu ces jours-ci au-devant de la scène suite au départ annoncé de 1200 médecins algériens durant cette année vers la France. Ces derniers, qui ont réussi le concours des épreuves de vérification des connaissances (EVC), vont ainsi rejoindre les milliers de leurs collègues installées depuis plusieurs années en France.
Dans la plupart des pays développés, la proportion de médecins qui exercent dans leurs structures sanitaires et qui sont formés à l’étranger ne cesse de croître. Selon les données de l’OCDE pour l’année 2017, cette proportion de praticiens étrangers s’élève à 11,21 % en France, à 24 % aux États-Unis, à 28,66 % au Royaume-Uni, à 32,74 % en Australie et à 42,41 % en Nouvelle-Zélande.
Face à cette importante demande émanant de pays étrangers, les médecins algériens sont ainsi tentés par l’expatriation. La destination privilégiée des médecins algériens reste majoritairement la France, pour des raisons historiques et culturelles (un système de formation calqué sur le système français, l’existence de conventions interuniversitaires, etc.), selon une étude du chercheur Ahcene Zehnati intitulée « L’émigration des médecins algériens : phénomène normal ou véritable exode ? ».
Plus de 16 000 médecins algériens sont installés en France
Selon les données de cette étude, 16 954 médecins nés en Algérie sont installés en France, dont 14 025 sont inscrits au tableau de l’Ordre des médecins (TOM). D’après la même étude, le ratio d’émigration des médecins algériens vers la France s’élève à 23,35 %, selon des données de l’année 2016. « Un taux avoisinant ceux enregistrés par certains pays d’Afrique subsaharienne qui connaissent un exode inquiétant », alerte l’étude.
Certaines spécialités en France sont plus concernées que d’autres par l’émigration des médecins algériens. C’est ainsi que « la psychiatrie est la spécialité la plus touchée avec un taux d’émigration de 40,27 %, suivie par la néphrologie (24,85 %), la radiodiagnostic-imagerie médicale (24,69 %), la cardiologie (18,21 %), l’anesthésie-réanimation (16,11 %), l’ophtalmologie (12,31 %), la pneumologie (11,51 %) et la pédiatrie (10,03 %) ».
100 médecins en moyenne ont quitté l’Algérie pour la France chaque année
Sur l’ensemble des spécialités étudiées, il en ressort que « 100 médecins en moyenne ont quitté le pays chaque année. Sur cet effectif, 40 étaient des psychiatres, 12 des anesthésistes-réanimateurs, 11 des médecins généralistes, 9 des radiologues et 28 des médecins des cinq autres spécialités », précise encore l’étude. Concernant la médecine générale, cette dernière affiche certes le taux le plus bas des spécialités touchées par le départ avec 3,76 %, mais en termes d’effectifs elle est classée en première position avec 1261 médecins algériens en exercice », en France.
Les médecins algériens et tunisiens majoritaires lors des EVC en France
L’étude s’est penchée également sur le nombre des médecins algériens qui s’inscrivent au concours des épreuves de vérification des connaissances (EVC) en France. Un passage obligatoire pour tout médecin étranger en dehors de l’Union européenne afin de pouvoir exercer le métier en France. Il en ressort ainsi que les médecins algériens arrivent chaque année en tête des candidats inscrits à cette épreuve.
« Sur les 98 nationalités représentées en 2017, quatre candidats inscrits sur dix viennent d’Algérie (41,7 %). Les candidats algériens représentaient 41,7 % en 2016, 40 % en 2015 et 41,6 % en 2014. Ils sont suivis par les candidats originaires de Tunisie (21,1 % en 2017 contre 16,8 % en 2016, 12,4 % en 2015 et 12,9 % en 2014) et les candidats de nationalité française (10,9 % en 2017 contre 19,1 % en 2016 et 15,5 % en 2015) », détaille l’étude d'Ahcene Zehnati.