C'est une histoire qui sort de l'ordinaire. L'histoire d'un enfant d'origine algérienne, né en 1973 dans une petite ville près de Lille dans le nord de la France. L'histoire de Karim Ounas, dont le père est parti d'Algérie en 1966, a de quoi surprendre. Karim a quitté l'école sans brevet à 16 ans et se retrouve médecin après une longue vie active.
Son histoire est racontée dans un portrait par le site France 3. Voulant travailler, gagner sa vie, comme il le dit, c'est à 16 ans qu'il quitte l'école sans le brevet des collèges. Il exercera dès 1989 comme agent d'entretien au centre hospitalier d'Armentières, près de la ville de Lille, avant de devenir brancardier, une année plus tard. « J'ai aimé apprendre des gestes techniques de secourisme, ce qu'était la pression artérielle... J'en ai pris conscience, ça m'a mis la puce à l'oreille », a-t-il témoigné.
Karim Ounas passera son service militaire et tentera ensuite d'intégrer la police, mais il échouera en raison de son niveau scolaire. Il retournera ensuite à Armentières avec une remise en question et un complexe d'infériorité qui aurait pu le bloquer. Mais il sera soutenu par un chef de service au centre hospitalier d'Armentières qui l'oriente et lui apprend le courage et la patience.
Le tournant à l'école d'infirmiers
À partir de là, le jeune homme d'origine algérienne veut devenir aide-soignant. Mais pour cela il doit suivre une formation. « À 22 ans, j'ai sorti les Bescherelle et les Bled pour passer le brevet et ensuite le D.A.E.U. diplôme d’accès aux études universitaires, équivalent du baccalauréat », se souvient-il, arrachant ensuite le brevet en 1995, le DAEU en 1997, ainsi que le concours d'entrée à l'école d'infirmiers. C'est un tournant.
Mais certaines difficultés, notamment en matière de gestes techniques et d'aspect physiologique, le mèneront vers une autre formation : celle d'infirmier anesthésiste qu'il entamera en 2005. Pour finir étudiant en médecine environ 5 ans plus tard. Il en parle avec une certaine fierté, même si sa première année n'a pas été de tout repos, surtout qu'il était déjà à 37 ans père de deux enfants.
Une première année de médecine « horrible »
« Le plus dur, ça a été la première année de médecine à Lille… Horrible », se rappelle-t-il quand il enchaînait des heures et des heures de travail en plus de ses études à la faculté. Mais au bout du tunnel, c'est ce complexe d'infériorité qui s'est dissipé de façon extraordinaire. « Beaucoup de personnes n’y croyaient pas. Le jour des résultats, cela a été une sensation bizarre, comme si moi-même, je n’y croyais pas. Un moment de flottement… J’ai pensé à mes parents, mes enfants, j’avais réussi ! », poursuit-il.
Ce médecin anesthésiste d'origine algérienne est peut-être fier de lui, mais il n'y pense pas. Et surtout il ne raconte pas beaucoup son histoire. Il préfère dire qu'il est content de son parcours dans lequel il a eu un peu de chance couplée à de la détermination, de la patience et du courage. « Je préfère leur dire de travailler, travailler pour avoir le choix de faire ce qu’ils veulent », conclut-il en souriant.