Vingt-huit prévenus, dont la majorité est originaire de Colo (au nord-est de l'Algérie à 70 km à l'ouest de Skikda), ont comparu devant le tribunal judiciaire de Draguignan. Ce procès est marqué par la mise en place d’une logistique humaine et matérielle sans précédent, rapporte Nice Matin.
Parmi les vingt-huit prévenus, dix-huit sont en détention provisoire, ils sont accusés de trafic de stupéfiants entre 2019 et 2021 dans la localité de Grimaud. Lors des interpellations des prévenus, les enquêteurs ont pu saisir une cinquantaine de kilogrammes de stupéfiants et environ 40 000 euros en liquide. Le procureur, David Malicot, a déclaré à ce sujet : « si la quantité et les sommes saisies lors des interpellations ne paraissent pas énormes par rapport à d’autres affaires, le travail d’enquête est lui irréprochable ».
Les interpellations sont survenues au bout de près de 18 mois de surveillances policières et d’écoutes téléphoniques, ce qui a permis aux services de police français de recueillir suffisamment de preuves pour confronter les prévenus à la justice.
Une affaire bien ficelée et des sans-papiers algériens qui ne veulent pas rentrer chez eux
Le trafic de stupéfiants dont sont accusés les prévenus avait lieu sur un terrain vague, où ils avaient installé plusieurs caravanes de façon illégale, ces dernières étaient occupées par des sans-papiers originaires du même village algérien. Selon le ministère public, ces sans-papiers algériens, sous couvert de travailleurs pendant les vendanges, s’adonnaient au trafic de stupéfiants pour le compte de Jihed H., puis de Karim B.
Selon Nice Matin, l’ex-compagne de Karim B., qui est également la fille du propriétaire du terrain, a accusé son ex-compagnon d’être à la tête du trafic, et ce, durant la procédure ainsi qu’à la barre des témoins. Les autres prévenus affirment que Karim ne leur a jamais demandé de « vendre quoi que ce soit ». Certains d’entre eux affirment même avoir agi pour leur propre compte, mais tous s’accordent à innocenter Karim, qu’ils qualifient d’ami et de frère.
Marouane C. a déclaré au sujet de Karim : « c’est un jardinier qui travaille dur. Il n’avait pas le temps pour faire tout ça ». Selon les enquêteurs, Karim B, qui était à la tête du trafic sur place, était sous l’autorité d’un certain Haithem J, qui s’occupait de gérer les approvisionnements depuis sa cellule de la maison d’arrêt de Grasse.
L’un des prévenus a déclaré au tribunal : « on m’avait dit que l’Europe c’était bien, et je me retrouve en prison ». L’un des interprètes a affirmé que les prévenus ne comptaient pas rentrer en Algérie à l’issue de leurs peines, il a déclaré : « ils préfèrent vivre dans l’illégalité et la misère plutôt que de reconnaître auprès des leurs ce qu’ils ont fait », indique la même source.